Les frustres
Claire Bretécher
Les frustrés
La Bande dessinée (= "le 9e art")
Aujourd'hui la bande dessinée est un phénomène mondial, même si elle est surtout présent aux Etats - Unis et en Europe. Pendant longtemps, la B.D. avait rang de sous - culture.
Mais depuis quelques décennies, tout a changé à cet égard.
La bande dessinée est une forme de narration entre l' écrit et le graphisme, entre des peintures statiques et des images en mouvement.
Elle est multiple et s' adresse à tous les publics. Il y a beaucoup d' ouvrages différents.
Lesquels, ca dépend d'ailleurs des cultures et des pays où ils sont écrits.
Aujourd'hui il y a beaucoup de passionnés de la bande dessinée, pas seulement des enfants.
La B.D. est devenue une vrai culture et selon un sondage datant de 1994, 90% des Français sont d'accord et aiment la BD. C'est un art vivant et reste un moyen d' expression.
Avec une image simple et quelques mots on peut exprimer et critiquer beaucoup.
Une dessinatrice d'aujourd'hui connue, c'est Claire Bretécher.
Claire Bretécher:
Née en 1940 à Nantes Scénariste - Dessinatrice Après avoir enseigné le dessin au tout début des années 60, Claire Bretecher illustre en 1963 une histoire de René Goscinny, "le Facteur Rhésus", dans l'Os à Moelle. Jusqu'à 1969, elle travaille pour des journaux Tintin et Spirou. En 1969, Bretécher fait une entrée remarquée à Pilote avec "Cellulite" - l'une des premières héroïnes féministes de la bande dessinée. Deux ans plus tard, en 1971, "Salades de Saison" préfigurera la satire des Frustrés. Sans quitter Pilote definitivement - elle y fait appraitre un BD de temps à autres jusqu'au 1976 -, elle fonde avec Gotlib et Mandryka l'Echo des Savanes" en 1972. Les B.D. (bandes dessinées) de cette dessinatrice française ont connu et connaissent toujours un très grand succès. La "découverte" du "phénomène Bretécher" coïncide avec son entrée dans la grande presse d'information, Le Sauvage et, surtout, Le Nouvel Observateur avec Les Frustrés en 73. Claire Bretécher ne joue pas sur l'esthétisme du dessin mais sur les dialogues et les situations. L'efficacité, et par là même le succès de ses albums, est à mettre au compte du regard, qu'elle a, aigu, critique et sans pitié, surs ses contemporains. |
Claire Bretécher critique notre société en se moquant de la façon dont
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Les Parisiens "branchés" Les femmes émancipées Les soixante - huitards ( = "68"er)
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Les bourgeois de gauche Les cadres moyens ...
Ses thèmes sont avant tout:
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les méthodes / problèmes d'éducation
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les problèmes des femmes
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leurs complexes l' émancipation
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la vie conjugale
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la société décadente la politique
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des méthodes / problèmes d'éducation
Les parents ne s' occupent plus de leurs enfants.
Ils ne leurs donnent pas le bon exemple.
Ils sont dépassés.
Bretécher critique les femmes trop impatientes.
Elles sont frustrées d' être des mères.
Elles ne sont jamais contentes.
Elles râlent sans arrêt contre leurs enfants.
Dans sa B.D. "Jeux et ris" (p.31) deux petits enfants se parlent en utilisant des mots familiers et vulgaires, pendant qu'ils pouffent de rire.
Leurs parents sont assis auprès, ils se moquent de leur langue et les traitent de "déficients".
Ils ne leurs donnent pas le bon exemple car ils lisent des magazines s' appelant "Sémiologie de la Scatologie"
Un autre exemple est la B.D. "Mémé en a marre" (p. 45):
Une petite fille pose sans arrêt des questions à sa grand - mère.
D'abord la grand - mère répond aimablement, puis son air devient sérieux.
A cause de cette manie perpétuelle de poser des questions, elle se met en colère et l' engueule.
Dans une autre B.D. deux femmes - Claire Brétecher les appelle "Les Rescapés" (p. 52) - s' irritent de leur éducation.
Leurs parents ont tout mal fait:
L'une était attachée au pied de la table, l'autre dit que sa mère ne l' a jamais prise quand elle pleurait.
Ses parents ont divorcé quand elle avait huit ans, etc.
Heureusement elles n'en sont pas mortes. Heureusement elles ne sont pas devenues anormales.
Dans "Clair Foyer" (p.53), il est question d' un autre personnage frustré.
D'abord - quand la mère est seule avec son bébé, elle le regard en riant et elle lui montre son attachement.
Une femme rend visite à une jeune mère.
Cette femme parle de son travail, de ses voyages, de la liberté individuelle etc.
Quand cette femme stressée sort, la femme au foyer claque la porte, elle prend son bébé et elle le met dans la poubelle.
Cette mère est frustrée d' être enfermée à son appartement avec son bébé.
"Corinne" a aussi une mère qui trouve toujours une raison pour râler. (p.61)
Les deux passent leurs vacances à une plage de sable.
La mère s' énerve parce que Corinne est restée trop longtemps dans l'eau.
Alors elle dit que sa fille doit mettre un tee - shirt.
Après, elle lui donne l'ordre de rendre une bouée à un garçon.
Elle lui commande de ne pas jouer avec des Arabes.
Enfin, sa fille est assise auprès de sa mère en jouant seule dans le sable.
Mais sa mère s' irrite encore et lui dit de ne pas s' amuser seulement à sa proximité.
Elle n'est pas contente quoi que ce soit que sa fille fasse.
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des problèmes des femmes
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l' émancipation
Les femmes sont de plus en plus libérées aujourd'hui que ces derniers siècles. Aujourd'hui, il n'y a plus de "règles" qui limitent la liberté des femmes.
Les femmes ne sont plus inférieures.
Mais quelques uns ont toujours des problèmes avec l'attitude macho des hommes:
Ceux - ci disent qu'elles sont plus faibles,
qu' elles n'ont pas la moindre idée de la technique,
les femmes doivent tenir le ménage et rester à la maison avec les enfants...
Dans la B.D. "Catéchisme" (p.10) deux femmes discutent de l'attitude envers les hommes.
L'une - elle s'appelle Anna - dit qu'il est normal pour les femmes de rester à la maison avec les enfants et de faire le ménage.
De plus elle dit que la femme et l'homme ne sont pas pareils.
L'autre femme a un avis différent:
Elle dit que les femmes doivent lutter contre l' oppression des hommes.
Alors Anna trouve que son amie a raison qu'il faut réagir mais que les femmes sont trop faibles...
Alors elle reprend - de nouveau - l' argumentation de l'homme.
Les femmes et la technique?!?
Elles ne s'y connaissent pas. Elles achètent toujours les instruments fausses.
Comme cette femme pauvre qui a acheté une nouvelle chaîne hi - fi - elle l' a trouvé bonne. ("Hi - Fi", p.11)
Mais quand elle rencontre deux copains et parle de son achat, ils sont épouvantés.
Ils s' irritent qu'elle l' a payée trop, qu'elle a acheté la fausse marque, qu'elle n'a pas une idée de "watt" ou "hertz", etc.
Mais tout cela ne fait rien. Après lui avoir fait perdu le goût de sa chaîne, l'un des hommes dit, "L' essentiel c'est que tu sois contente"...
Dans une autre B.D. il s'agit de l' avortement ("Tota Mulier", p. 16):
La femme concernée ne peut pas se décider pour ou contre l' avortement.
Elle donne seulement les arguments du médecin, du chef qui payera plus si elle n' avorte pas, de Raymond (son mari) qui est plutôt contre, de sa mère qui serait contente si c'était un garçon et finalement elle parle du pape qui est aussi contre l' avortement.
Mais pour elle, il n'est pas possible de prendre une décision sans écouter l'avis des autres.
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Leurs complexes
Mais les femmes ont beaucoup d' autres problèmes:
Elles sont trop grosses - ou bien elles croient être trop grosses.
Mais elles sont trop paresseuses pour suivre un régime alimentaire et pour faire de la gymnastique.
La conversation de la B.D. "Peau d' orange" (p.56) est une conversation typique entre des femmes:
Les deux sont mécontentes de leur taille.
L'une a acheté un maillot de bain, mais en croyant qu'elle n'est pas du tout bien proportionnée, elle est vraiment insatisfait.
L'autre la calme parce qu' avec elle c'est pire - bien sûr.
Mais en en parlant, rien ne changera.
C'est pourquoi on pourrait faire des massages à l' iode, par exemple.
Mais á quoi bon?
Ni l'une ni l'autre cherche à plaire.
Alors, elles resteront grosses.
Les deux femmes de la B.D. "Mon cahier de résolutions" (p.26) ont pris de bonnes résolutions:
Elles feront beaucoup plus de sport cette année.
Mais on trouve toujours de bonnes excuses et des moyens de s' en sortir pour ne pas faire de sport.
Le tennis, c'est impossible parce que l'une a une arthrite de l' épaule.
La natation, ce n'est pas possible non plus à cause du chlore, c'est très mauvais pour les cheveux.
Et le karaté est moins efficace qu'une bombe lacrymogène.
Alors, on réfléchira et après on en décidera.
C'est très difficile de trouver un sport qui convient.
3. la vie conjugale
ou bien des scènes de ménage
Aujourd'hui il y a moins de mariages qu'autrefois, mais plus de couples divorcent.
On s' insulte sans arrêt.
C'est toujours l'autre qui est en tort.
Dans la bande dessinée "La gueule" (p.37) un couple mène une discussion absurde.
Ils se reprochent l'un à l'autre de faire la gueule.
Mais personne ne démord pas de son opinion.
C'est pourquoi on continue cette conversation sans s' excuser ou sans se parler vraiment..
On a passé le "Soir de Paris" (p.44) au cinéma. Mais le couple est en désaccord sur le film.
Le mari dit à sa femme la raison pour laquelle elle n' a pas aimé le film.
Il sait tout mieux.
Comme ils ne trouvent pas de parking au retour de cinéma, la femme le traite d' imbécile d'avoir pris la voiture.
C'est toujours la même chose:
On se dispute devant la télé, au cinéma, dans la voiture...
La femme de la B.D. "Divorce" (p. 51) en a plein le dos de son mari.
C'est pourquoi elle a décidé de divorcer.
Elle en a assez d' être la bonne à tout faire.
Mais quand elle arrive, elle dit seulement bonsoir à son mari et elle remet la conversation au lendemain.
A ce moment - là elle est trop fatiguée
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(critique de) la société décadente
Beaucoup de gens croient que notre société est décadent,
que les gens ont perdu le sens pour tout:
Il n'y a plus de valeurs: la famille, le mariage, la religion ne comportent plus.
On ne remplace des anciennes valeurs par rien.
Mais il y a bien sûr toujours ceux qui critiquent la société, ceux qui croient qu'ils sont supérieur.
Est - ce que nous devrons prendre ces gens - là comme modèle?
Dans la B.D. "La télé" (p.13) cinq amis qui sont en train de fêter critiquent la masse des gens qui a perdu le sens de la fête.
Mais ces gens - là ont perdu le sens de la fête. Ils ont aussi l'air de s' ennuyer:
Ils ne parlent pas beaucoup, ils refusent de boire de l' alcool, de fumer des cigarettes
Ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est de faire les courses.
Trois intellectuels constatent que pour les gens, les anciens valeurs ne comportent plus. ("Pensées"; p.17)
On devrait ré - inventer un nouvel art et de nouvelles raisons de vivre.
I faudrait remplacer les vieilles structures par un style de vivre moderne et actuel.
Mais à la question ce qu'ils feront à Noël, ils répondent qu'ils iront chez les parents, qu'ils participeront à la messe de minuit où il y a un vieux curé adorable...
Un autre problème de nos jours, c'est l'église. ("L'église dans notre temps"; p.36)
Un homme d' église - Monseigneur Marty - a accepté de répondre aux questions posées par des chrétiens.
Mais aux questions sur la crise de la foi, la relation entre l'Eglise et la politique, le divorce, le célibat des prêtres, l' avortement etc., il donne des réponses futiles: "C'est une question très grave, très importante, c'est une vaste question, un problème délicat, un problème douloureux, ..."
Le problème, c'est que l'Eglise, n'est pas capable de donner des solutions satisfaisantes.
Il y a seulement des réponses évasives.
On critique beaucoup, parce que critiquer c'est facile. Mais on passe pour "intellectuel".
Comme les deux hommes - Claire Bretécher les appelle "Les critiques" (p.38) - qui vont au théâtre.
Pendant la pièce, ils rient sans arrêt - ils s' amusent très bien. (beaucoup plus que les autres) Mais après, ces intellectuels la critiquent en disant qu'elle manquait de distanciation, de bréchtisme, ...
A l' époque de la "crise de l' énergie" (années 70) on se plaint de tout: même de soi - même si on ne trouve plus rien d'autre.
Les cinq personnages de la B.D. "Economie" (p.32) se plaignent qu'ils manquent de mazout, le prix du bois a augmenté très fort, le prix de la laine est une catastrophe,...
Puis une personne dit qu'il faudrait que les gens montrent un peu plus de solidarité.
Mais c'est toujours la même chose avec les Français... (ce sont eux - mêmes aussi - bien sûr)
A Noël, c'est souvent stressant avec la famille. C'est pourquoi le couple de la B. D. "Noël 73" (p.18) a décidé de ne rien faire à Noël.
Tous ses amis sont stressés à cause des préparations pour la fête: l' achat de cadeaux, préparation du repas...
Ses amis disent qu'ils ont raison de ne rien faire.
Mais la veille de Noëlle mari regarde seulement la télé sans remarquer que sa femme est triste.
Quoique les préparations aient été sans stress, la femme aurait préféré une fête de Noël classique.
On connaît cette situation quand on n'est pas content de la situation politique.
La famille de la B.D. "Les Politisés" (p.34) regarde la télé où on voit Royer. Ils rient, ils discutent, ils se plaignent.
A la question qui on votera, ils sont tous pour Mitterrand mais que malheureusement, ils n'ont pas eu le temps de se faire inscrire dans le registre électoral.
On se plaint des fautes (surtout des autres), mais on ne fait rien contre, on ne s' occupe même pas de ses propres affaires.
Le syntaxe / la language:
La langue et le syntaxe sont significatif.
Il n'y a que des phrases simples et courtes - typique pour la BD.
De plus elle utilise beaucoup de mots familières.
La presentation des personnages:
A coté du language qu'elle utilise, Claire Bretécher aussi souligne les qualités des personnages avec une mimique caractéristique.
Avec des coups de pinceau simples, elle rend vivant les personnes.
On voit des visages ennuyeuses, frustrés, fâchés ou plein d' attente.
Tout le texte est écrit à la main et de plus elle n' utilise pas de couleur - tout est noir et blanc.
En plus elle déjà explicite le caractère problématique dans le titre en le dessinant en lui donnant une forme riche en idée et avec pertinence.
Bienque ces bandes dessinées se passent en France, strictement à Paris, elles sont présentes partout et toujours.
On voit une vie avec ses problèmes quotidiens: scènes de ménage, disputes entre enfants et parents, mécontentement de la vie ennuyeuse, etc.
Et Claire Bretécher en parle dans des dessins.
Ses personnages sont tous frustrés, ils ont tous remis leurs espoirs à plus tard ou bien ils les ont abandonnés.
Ils se croient individualistes, mais portent les mêmes vêtements et habitent dans les mêmes appartements.
Ce sont des gens ordinaires - qui ne sont pas seulement la fiction d'une dessinatrice française, mais qui existent partout.
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